Fort d’une réflexion collective associant
ses 169 radios adhérentes, le SIRTI avance 21 propositions concrètes
qu’il remettra aujourd’hui à la Ministre de la Culture et au Parlement.
Ces propositions sont articulées autour de 5 thèmes majeurs et prennent
en compte l’évolution du paysage audiovisuel. Dans un contexte de
transformation des usages et de rupture technologique, la modernisation
du cadre règlementaire et la mise en œuvre d’une plus juste concurrence
entre les différents acteurs sont essentielles.
La réforme de l’audiovisuel annoncée pour
la fin d’année 2018 intervient dans un contexte de révolution de «
l’Internet des oreilles » liée au développement des enceintes connectées
et de l’écoute délinéarisée.
Cela rend plus que nécessaire le
renforcement de la place de la radio. Pour Alain Liberty, président
du SIRTI : « La radio, le média le plus crédible aux yeux des Français,
écoutée chaque jour par 80% d’entre eux, doit revendiquer sa place
légitime dans un écosystème nouveau. Les plateformes digitales
dupliquent le modèle de la radio sans être soumises aux mêmes règles
notamment en matière de régulation, de fiscalité et de contribution à la
création. Cette distorsion de concurrence fait peser un risque majeur
sur la compétitivité des radios et sur la souveraineté de l’État face
aux géants d’Internet et aux opérateurs de télécommunication. »
Afin de rétablir un juste équilibre, le
SIRTI souhaite ainsi la mise en place d’un socle minimal de contraintes
pour les acteurs numériques et l’allègement des obligations pour les
acteurs du média radio.
Les 21 propositions du SIRTI, articulées autour de 5 thèmes, sont les suivantes :
Remédier aux distorsions de concurrence entre les médias audiovisuels et les acteurs numériques
1. Garantir l’accès à la radio hertzienne, libre, gratuite et anonyme en adoptant une puce FM/DAB+ dans les smartphones
2. Préserver le financement des médias traditionnels en refusant l’assouplissement des règles publicitaires
3. Accompagner le déploiement de la radio numérique (DAB+) par un crédit d’impôt
4. Garantir la présence de la radio hertzienne dans l’automobile
Adapter la législation audiovisuelle à un environnement en perpétuelle évolution
5. Créer un code de l’audiovisuel
6. Protéger juridiquement la dénomination « radio » et ses caractéristiques
7. Rendre plus efficaces les mentions légales à la radio
8. Simplifier les procédures liées aux autorisations d’émettre
Reconnaitre le rôle des radios indépendantes et assurer leur protection
9. Inscrire dans la loi le rôle majeur des radios indépendantes, et leur assurer une pleine place dans l’univers hertzien
10. Faciliter la syndication de programmes entre radios indépendantes
11. Assurer aux radios diffusant un programme local l’accès au marché publicitaire local
12. Moderniser les conditions de présence locale des radios
Trouver un nouvel équilibre entre l’industrie musicale et les radios
13. Soutenir la chanson et la production française en réformant un système de quotas, devenu obsolète
14. Créer un indicateur lié au dispositif
des quotas francophones pour valoriser l’apport de l’exposition de la
musique sur les radios
15. Reconnaître et rendre effectif les droits de propriété intellectuelle dont bénéficient les radios
16. Étendre le champ de la licence légale pour un meilleur accès du public aux contenus radiophoniques
Mission, financement, développement… quelles ambitions pour le service public audiovisuel ?
17. Supprimer le financement du service public par la publicité commerciale, et notamment pour Radio France
18. Imposer à Radio France des critères de mesure de qualité de service public et non d’audience
19. Mieux encadrer les préemptions de fréquences de Radio France
20. Limiter et encadrer les changements de formats des antennes de Radio France
21. Réformer la gouvernance de l’audiovisuel public
Parmi ces propositions du SIRTI, 5 d’entre elles paraissent particulièrement prioritaires :
1. Garantir l’accès à la radio hertzienne, libre, gratuite et anonyme en adoptant une puce FM et DAB+ dans les smartphones
9 Français sur 101 manifestent un
attachement très fort à la radio hertzienne et estiment que son
accès est un droit universel. Afin de préserver le pluralisme des
opérateurs, la diffusion broadcast de la radio hertzienne (FM et DAB+),
gratuite et anonyme pour les auditeurs, doit donc être garantie. Pour
90% des Français, les pouvoirs publics doivent d’ailleurs s’engager pour
garantir son accès dans toutes les situations, notamment en mobilité
(qui représente 83% de l’écoute, en voiture essentiellement, puis dans
les transports en commun). Le SIRTI a identifié une mesure simple et peu
coûteuse, que d’autres pays ont déjà mis en place notamment après des
catastrophes naturelles de grande ampleur : l’activation d’une puce de
réception de la radio hertzienne dans les smartphones. Cela
simplifierait l’accès à la radio en FM et DAB+ même en cas de saturation
ou d’effondrement des réseaux mobiles de télécommunication, et
engendrerait un gain en batterie et en bande passante pour les
auditeurs.
2. Accompagner le déploiement de la radio numérique (DAB+) par un crédit d’impôt
Face à la saturation de la bande FM et à la
concurrence de plus en plus forte des acteurs numériques, le DAB+
(radio numérique terrestre/RNT) est une alternative technologique à
l’offre non régulée des GAFAs. Il permet à la France de conserver un
écosystème radiophonique dynamique indépendant,régulé, d’assurer la
transition numérique de la radio et d’ouvrir des opportunités de
développement. L’État doit s’engager dans la radio numérique terrestre
comme il l’a fait pour la TNT en organisant, par exemple, de
vastes campagnes d’information du public. Le SIRTI suggère également la
mise en place d’un crédit d’impôt radiophonique en faveur du DAB+.
Ce crédit d’impôt permettrait aux entreprises d’alléger les coûts liés
au lancement d’une offre en DAB+ et/ou de pallier les doubles coûts de
diffusion (FM et DAB+).
3. Inscrire dans la loi le rôle majeur des radios indépendantes, et leur assurer une pleine place dans l’univers hertzien
Avec 9 millions d’auditeurs quotidiens, les
radios indépendantes jouent un rôle essentiel dans le
paysage audiovisuel français. Le SIRTI plaide pour que la loi inscrive
très clairement le rôle et les particularités des radios indépendantes,
tout comme le soutien des pouvoirs publics à un paysage
radiophonique indépendant et pluraliste, ancré dans les territoires.
Cette inscription participera au respect du juste équilibre dans
l’attribution des fréquences hertziennes, mais également à l’unité et à
la force d’un secteur d’activité qui a su depuis 30 ans séduire les
Français en répondant à leurs attentes.
4. Soutenir la chanson et la production française en réformant un système de quotas devenu obsolète
La musique est la première motivation
d’écoute de la radio en France, devant l’information. La radio est de
loin le premier prescripteur de nouveaux talents. La loi actuelle met en
danger les radios en leur imposant des contraintes devenues
insupportables face à un monde numérique déréglementé. En méconnaissant
l’évolution des usages, le risque de fuite du public de la radio vers un
streaming affranchi de toute régulation est majeur. Les évolutions de
la loi doivent se faire par la voie de la concertation
professionnelle entre l’industrie musicale et les radios.
professionnelle entre l’industrie musicale et les radios.
Cela pourrait se traduire par différentes mesures :
• L’application du régime des quotas aux plateformes de musique en ligne, notamment pour leur offre gratuite.
• La mise en œuvre d’un critère de
production francophone, qui complèterait le critère de
diffusion francophone et permettrait de pallier la chute de la
production d’expression francophone.
• La prise en compte des formats spécifiques (radios thématiques, communautaires, locales…).
• L’instauration d’un quota effectif de chanson d’expression francophone pour les radios du service
public.
public.
5. Reconnaître et rendre effectif les droits de propriété intellectuelle dont bénéficient les radios
Les programmes radiophoniques peuvent être
protégés par la propriété intellectuelle. Les radios pourraient en effet
revendiquer des droits d’auteur et des droits voisins sur leurs
programmes, pour autoriser ou non leur diffusion sur les supports
digitaux notamment. Ces droits (droits d’auteurs, droits voisins, droit
de copie privée), qui n’ont jamais été exercés, doivent être reconnus et
mis en œuvre. Revendiquer aujourd’hui ces droits est primordial quand
les programmesradiophoniques sont de plus en plus reproduits, copiés ou
diffusés, souvent de manière illégale sans l’autorisation de leurs
propriétaires.
F. Sirti
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